
PRÉPARATION ULTRA-TRAIL DU MONT-BLANC
Article spécial pour aujourd’hui, un peu « hors-série » par rapport à ceux que je publie habituellement, où je résume mes courses avec un compte-rendu écrit agrémenté de quelques photos. Pour celui-ci, j’ai plutôt envie de raconter ma préparation pour l’UTMB, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, dans son intégralité. Je commencerais par poser le contexte, puis présenter le processus réalisé afin d’intégrer mon nom au tirage au sort, effectué le 16 janvier 2024, jusqu’au 29 août, veille du départ à Chamonix.
Contexte
Tout d’abord, mon envie de participer à cette course mythique remonte à plusieurs années en arrière. Dès mes 20ans, lorsque je commence à participer à quelques courses, je me prends à rêver d’être moi aussi, un jour, sur cette ligne de départ. Je n’ai à ce moment-là aucune idée de comment y parvenir, mais cette idée reste dans ma tête. En 2019, je me projete sur différentes courses objectifs dans les années suivantes, de plus en plus longues, avec l’espoir d’y participer en 2023. Bien sûr rien ne se passe comme prévu, notamment avec la pandémie que l’on connaît tous et qui a mis un coup d’arrêt à toute compétition. En 2022, l’UTMB change ses modalités d’inscription avec la mise en place de l’UTMB world series. Dorénavant, seulement une petite cinquantaine de courses à travers le monde permettent d’obtenir un ticket d’entrée pour le tirage au sort. À la fin de cette même année, je m’envole avec un PVT (Permis Vacances Travail) pour le Canada.

À ce moment-là, je suis très peu entraîné. J’ai couru quelques courses durant l’été, dont la MCC (40km/2200D+*) à Chamonix ainsi que mon premier format 100miles (164km/10500D+), le Grand Trail de Serre-Ponçon à Embrun.
*Dénivelé positif (en mètre)

L’avant tirage au sort

Fraîchement arrivé au Canada dans le chenil de chien de traîneau dans lequel je vais passer l’hiver, je cherche alors quelle course pourrait être suffisamment accessible géographiquement afin d’aller récolter mes premières « running stones » (« pierres de course »), qui me permettrait de m’inscrire au tirage au sort. Je trouve alors la Canyons Endurance Run en Californie, aux États-Unis et qui se déroule à la sortie de l’hiver, le 29 avril. Je me prépare et m’entraîne donc tout l’hiver, sous des températures allant jusqu’à -40°, enchaînant les semaines à plus de 100km pour certaines. Fin avril je participe donc à cette course, que j’ai également choisi pour son nombre important de « running stones » qu’elle permet d’acquérir. En effet, selon l’événement et la distance choisie, vous obtenez plus ou moins de chances d’être choisi au tirage au sort. Je termine ce format 103km/3200D+ en 13H54′ à la 94ème place, sur 537 participants. J’obtiens ainsi mes 6 premières « running stones », c’est à dire que j’aurais 6 fois mon nom dans le tirage au sort. L’été suivant, j’enchaîne des courses comprises entre 42 et 82km, entrecoupées de blocs d’entraînement.
Mi-septembre 2023, je rentre en France afin de revoir mes amis et ma famille. J’en profite pour participer à une nouvelle course qualificative, à Nice cette fois, qui me permettra de récolter 3 nouvelles « running stones ». Je prends alors le départ du Nice Côte d’Azur by UTMB à la fin du mois de septembre, sur le format 115km/5000D+. Je le bouclerai en 18H07′, à la 97ème place sur 976 participants.

Suite à ça, retour au Canada et début décembre, après plusieurs années, il est enfin temps pour moi de pouvoir m’inscrire au tirage au sort de l’UTMB, et pouvoir ainsi prétendre y participer. Et le mois suivant, le 16 janvier, à 2H du matin ici, au Canada, je reçois le mail des résultats. Et c’est un OUI, je suis tiré au sort, dès ma première participation!!
L’après tirage au sort
L’aventure course à pied et trail running prend alors une toute autre dimension. C’est là, c’est concret. 7 mois ½ à partir de ce moment précis pour se préparer au mieux, et être aussi prêt que possible sur la ligne de départ, le 30 août.
Le but durant cette période est d’avoir alors 2 cycles bien distincts. Un premier où j’effectuerai beaucoup de séances à plat afin de travailler ma vitesse et un second plus spécifique, avec l’ajout de dénivelé.
Période hivernale
Je passe cet hiver à Revelstoke, une station de ski en Colombie-Britannique. En revenant de France, j’ai pris mes affaires de ski de randonnée avec moi, afin de profiter des montagnes et du magnifique parc national des glaciers à 50min de route. J’arrive à rencontrer quelques francophones sur place et c’est parti pour quelques sorties en ce début de saison. Pendant ce temps, je suis également à la recherche d’un travail dans la restauration. Les semaines défilent, et après 2 semaines en janvier avec des températures très froides, jusqu’à -35°, accompagnées d’un stress permanent par rapport au van qui pourrait ne pas supporter de telles températures, la recherche de travail ne porte toujours pas ses fruits. Côté entraînement, les sorties de ski ont vite été remplacé par de la course à pied pour des raisons pratiques.


Le kilométrage augmente semaine après semaine. Afin de me tenir motivé durant ces longs mois d’hiver, je m’inscris au marathon de Calgary qui a lieu le 26 mai. Ce sera une belle étape de fin de cycle, afin d’avoir une idée sur le niveau de forme atteint en sortie d’hiver. Vous pouvez retrouver le résumé juste ici, où je parle de ma préparation plus en détail ainsi que le déroulé de ma course, mon objectif et bien sûr le résultat pour celle-ci.
Période estivale
Après ça, je pose mes valises à Canmore, ville à 1300m d’altitude, entourées de montagnes approchant les 3000 mètres d’altitude. Parfait pour se replonger dans le dénivelé. Je reprends donc mes marques jour après jour, les sensations reviennent assez vite, tout en conservant un peu de vitesse à plat.

Je réalise 3 belles semaines en juin avec près de 45H d’entraînement et plus de 18 000D+ avalés. Encore une fois, j’explique plus en détail cette période dans l’article consacrée à Tackle the Toad, à retrouver ici. Je parle également de mon enchaînement avec la Raven 50, 8 jours plus tard, dans cet article.

Je vais maintenant m’attarder un peu plus sur la période qui a suivi cet enchaînement, à moins de 2 mois de l’UTMB.
Le Raven 50 se déroulait le dimanche 7 juillet et après quelques jours de repos, je décide le vendredi suivant de partir pour une sortie test. 23km et 1400D+ sont au programme pour monter au sommet de Ha Ling Peak, ma montagne favorite du coin. Je commence à courir, mais rapidement je me sens en manque d’énergie, et plus globalement de motivation. Je laisse passer le week-end, puis après avoir analyser mon état de fatigue du moment, compte tenu des précédentes semaines, je décide de couper totalement la course à pied pour la semaine suivante. Une solution radicale, peut-être risquée en pleine préparation mais sage selon moi. Je préfère arriver un peu moins entraîné mais en forme, plutôt que de continuer à forcer, tirer sur la corde au risque de déclencher une blessure qui pourrait mettre en péril tout le reste de la préparation, voir ma participation. Durant cette semaine, je ne fais pas rien non plus. Je ne cours plus mais je continue néanmoins d’aller à la salle de sport pour travailler mon haut du corps. 4 séances au total avec 20′ de vélo en guise d’échauffement suivi de différents exercices de musculation.
La semaine suivante, je me sens mieux, d’attaque pour recommencer à courir avec une petite semaine pour ensuite augmenter le volume de nouveau. Malheureusement, cette semaine là est marquée par l’arrivée de gros nuages de fumée dû aux incendies qui se sont déclarés un peu partout dans la région. Les montagnes sont à peine visible, l’air est très pollué et me brûle les bronches quand je cours à l’extérieur. Pendant une semaine, je vais donc continuer d’aller à la salle, sur le vélo cette fois, et enchaîner les séances de 2H avec différents fractionnés (3×20′, 5×10′, 10×5’…).

Le retour en Europe est prévu pour le 5 août, et fin juillet je quitte mon travail en restauration. Dans le foulée je me rends à Revelstoke, où je vends mon van. J’y reste une petite semaine, et je réalise un bloc sur 5 jours, cumulant 78km et 4700D+.
À mon retour, je passe d’abord 6 jours dans le sud de l’Allemagne, en Bavière. Juste à la frontière de l’Autriche, sur la limite entre les Alpes et la plaine. Encore une fois, je réalise un bloc sur 5 jours, avec 95km et 4900D+. Je me sens bien durant cette semaine, nous sommes à 20 jours de l’UTMB et je réalise mes dernières grosses intensités. Malheureusement, je me tords la cheville sur la dernière descente et j’entends un petit crac. J’arrive à finir ma sortie sans douleur, mais le soir, ma cheville est bien enflée. Il reste 2 semaine et demi pour soigner ça, je ne m’affole pas et je me dis que ce sera bien assez pour être à 100% le jour-J.


La semaine suivante, je réalise la reconnaissance des 2 tiers du parcours de l’UTMB, 112km et 6000D+ parcourus en 3 jours, donc vous pourrez retrouver l’article bientôt ici.
Après ces quelques jours sur les beaux sentiers du Mont-Blanc, je suis ENFIN de retour chez moi, à Barcelonnette, dans la vallée de l’Ubaye. J’y reste une semaine complète, de quoi faire le plein de bonnes énergies en pouvant revoir ma famille, mes amis et juste profiter d’être de retour à la maison après presque 1an.

Côté sportif, bien que le repos et la récupération soit maintenant au cœur de la préparation, je continue à bouger. Nous sommes à S-2, 11 jours précisément avant le départ. Je retrouve mon vélo de route et je m’en vais pour une sortie au col de Vars. 50km et 1000D+ réalisés à un rythme soutenu mais toujours en aisance. Le lendemain, randonnée avec mon petit frère (14ans) au chapeau de Gendarme culminant à 2682m, montagne emblématique de la vallée, surplombant Barcelonnette. De loin ma montagne préférée pour m’entraîner, j’ai dû atteindre son sommet au moins 20 fois déjà. Pas de raison pour courir, nous prenons notre temps, bien que nous doublons tout de même pas mal de randonneurs. Signe de ma bonne forme, ainsi que de celle de mon frère, lui qui est en ski étude.

Je me repose les deux jours suivants et en profite pour prendre soin de mes tendons d’Achille, encore un peu douloureux, avec des étirements et mes massages à l’huile d’arnica. Depuis mon retour ici, j’ai également commencé une cure de collagène, qui aide à la régénération et à maintenir l’élasticité des tissus, tel que la peau, les ligaments et les tendons. J’utilise pour cela les peptides de collagène de la marque Nutripure.


Nous sommes maintenant le dernier week-end avant le grand départ, à J-7. Je réalise un footing facile de 12km en compagnie de Baptiste Fourmont, 6ème des derniers championnats de France de 3000m steeple. Le lendemain, participation totalement improvisée sur une toute petite course de trail organisée au Sauze, une station de ski à 10min de Barcelonnette. Je m’y rends avec mon frère et nous prenons tout les deux part à l’événement. Cette course n’est pas balisée, elle propose seulement 4 points de passage obligatoires. Avantage pour moi donc, de connaître le coin par cœur. Durant la course, je monte à bonne allure, de quoi faire monter le cœur également puis je prends la descente beaucoup plus cool, afin de ne pas me blesser dans un premier temps et de ne pas casser trop de fibres musculaires. Le point clé ici est de se préserver au maximum. Malgré ça, je finis 1er en 1H54′ avec un peu plus de 15km et 1200D+ à la montre. C’était une très belle journée, de quoi faire le plein de confiance et de bonnes ondes pour les jours à venir.
Et dans les jours à venir, les choses sérieuses commencent. Je me rends d’abord à Grenoble chez mon très bon ami Léo qui m’accueille pour la nuit. J’effectue avec lui un footing facile de 13km et 300D+, avec 3×500m rapides à la fin, afin de rester actif jusqu’à la fin de la préparation.

Le lendemain, je suis enfin, ENFIN à Chamonix. J’y retrouve Valentin Pierron, ancien collègue de travail au 27ème BCA, maintenant coach dans le club d’athlétisme de Sallanches. Nous partons pour une sortie trail au refuge du Plan de l’Aiguille, sur les hauteurs de Chamonix. Un sortie de 13km pour 1200D+, effectuée en aisance du début à la fin, notamment en descente afin de se préserver une nouvelle fois au maximum de la fatigue musculaire et éviter la blessure.

L’après-midi, il est temps de se diriger vers le village de l’UTMB, où plus d’une centaine de marques sont présentes pour présenter et proposer leurs produits. L’ambiance y est cool, détendue, avec des animations telles que des conférences, la présentation des athlètes élites, des diffusions de films, les remises des prix et la récupération des dossards. J’en profite également pour aller à la rencontre de différentes marque que j’avais repéré à l’avance, afin de me présenter et d’avoir un premier contact en vue de ma recherche de sponsors et de partenaires pour mon projet Iditalaska. C’est l’endroit idéal, et selon les marques, j’arrive soit à discuter directement avec quelqu’un en charge du financement de projets soit à récolter les bonnes adresses mail et pouvoir ainsi leur envoyer mon dossier de presse.



J-1
Ça y est, nous y sommes. Le dernier jour, les dernières 24H avant le départ. Je vais pas le cacher, jusque là tout allait bien, mais une certaine excitation, presque une pression commence à se faire sentir. Quand on parle de stress, il y a le bon et le mauvais, sur ce coup là, c’est bien évidement le bon. Je suis aujourd’hui de nouveau sur le salon de l’UTMB, et je continue à aller à la rencontre les différentes marques. À 13H15, j’assiste à l’arrivée des 5 premiers hommes de l’OCC, la finale du format 50km, qui relie Orsières, en Suisse, à Chamonix. Puis à 14H, il est l’heure d’aller récupérer le précieux dossard. Dans la file d’attente je fais la rencontre de Sam, venu de Boston, aux États-Unis. Nous prévoyons sensiblement le même temps, il n’est donc pas impossible que nous nous croisons sur les chemins. Je retourne ensuite à mon appartement assez tôt afin de me reposer et d’avoir le temps de bien préparer toutes mes affaires. Le départ n’étant qu’à 18H le lendemain, je dois également penser à ne pas trop m’activer durant la journée pour conserver mon énergie.

Le lendemain, je suis à Chamonix assez tôt, vers 8H30. Ma maman, qui vient pour me faire mon assistance n’arrive qu’à 13H. Pendant ce temps je vais me poser dans un parc à l’extérieur du centre-ville, pour être plus tranquille. En tout début d’après-midi, je récupère un duvet -49°, qui me servira pour ma prochaine course polaire au Canada, dès cet hiver. Peu après, je retrouve ma maman et je peux laisser mes affaires dans sa voiture. Me voilà donc enfin totalement prêt à prendre le départ, dans quelques petites heures maintenant. J’essaie de rester le plus tranquille possible, de me préserver nerveusement de toute l’agitation autour de moi, ce qui est en fait assez difficile. L’excitation est à son comble, l’aventure n’a jamais été aussi proche de commencer. Dès 16H je me dirige vers l’aire de départ afin de me placer plus ou moins à l’avant du SAS amateur, juste derrière celui des élites 2.
C’est ici que je termine cet article sur ma préparation, j’espère pouvoir vous délivrer au plus vite celui qui résumera cette incroyable course que je m’apprête à courir.
“La chance sourit aux audacieux”
FIN