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Résumé Maxi-Race

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     La Maxi-Race, une course incontournable de l’Ultra-Trail.
     D’une part, une trace esthétique, formant une boucle autour du lac d’Annecy en passant par les sommets, offrant de temps à autres de magnifiques panoramas sur ce dernier. D’autre part, une place dans le calendrier particulièrement propice pour attirer les élites de la discipline. Une course préparatoire pour certains ou le premier gros objectif de la saison pour d’autres, ces 100km et 5600m de dénivelé positif sont une opportunité parfaite pour se tester au sein d’une belle densité de coureurs de tout niveau.
     Pour ma part, j’en fais un objectif secondaire. Cela ne veut pas dire que je n’y accorde pas d’importance ou que je ne compte pas me donner à fond, mais que le résultat final ne m’importe que peu, et que ce sera plutôt l’occasion pour moi de tester un nouveau protocole nutritionnel ainsi qu’une nouvelle stratégie, que je détaillerai plus bas.
     Avant d’entrer dans le vif du sujet, concernant ma préparation, puis le résumé de ma course, je souhaite grandement remercier SD Management. Cette agence de management et de développement sportif, qui me suit depuis ma 2ème place sur le Yukon Arctic Ultra, m’a permis- avec l’accord de l’organisation- de pouvoir transférer mon inscription initialement prévue sur la Maxi-Race en 2 jours, sur l’épreuve reine, la Maxi-Race en 1 jour.

     Une préparation une nouvelle fois courte, avec seulement 7 semaines depuis ma dernière course : l’Istria 100. Si l’on enlève une semaine de récupération, puis une semaine de reprise progressive puis deux semaines d’affûtage, il ne reste finalement que 3 semaines d’entraînement. 3 semaines à rentabiliser au maximum.

     La semaine précédant ce bloc, j’ai commencé mon nouveau travail en tant que vendeur/collaborateur dans un Décathlon city, à Genève. J’ai pu faire en sorte d’adapter mes horaires afin d’avoir plus ou moins mes matinées libres, et ainsi m’entraîner. Je suis quelqu’un qui aime s’entraîner le matin plus que le soir. Cela me réveille, me permet de bien commencer la journée et je peux ensuite passer à autre chose. Je me suis également organisé pour aller au travail et en revenir à vélo, 30km et 270m de dénivelé à chaque fois. Cela me permet d’ajouter un petit volume et de la récupération active entre mes séances de course à pied.

     Donc, pour ce que vous attendez tous : la composition de ce bloc. Je me suis inspiré de mon bloc du mois de juin de l’année dernière, lorsque j’étais à Canmore, préparant l’UTMB. Pour rappel, j’avais réalisé 3 semaines, avec 80km/5000D+ pour la première, 98km/6000D+ pour la deuxième et 115km/7000D+ pour la troisième. S’était ensuivie une victoire à Tackle the Toad le week-end d’après, puis une 2ème place à la Raven 50 8 jours plus tard. J’ai donc voulu mettre en place le même schéma, à savoir pour cette fois :

Semaine 1 : 84km/4000D+ (+800D+ à vélo)
     Lundi : 32km/1900D+, reconnaissance Foulées de Gruffy
     Samedi : 20km à plat

Semaine 2 : 115km/6600D+ (+1400D+ à vélo)
     Mardi : 28km/2300D+, sortie longue
     Dimanche : 32km/1900D+, Foulées de Gruffy, « course d’entraînement », 15ème sur 310
     Dimanche : 12km, allure facile pour faire du volume sous fatigue

Semaine 3 : 133km/7000D+ (+2800D+ à vélo)
     Lundi : 18km/1100D+, sortie sous fatigue de la veille
     Vendredi : 51km/2900D+, reconnaissance Maxi-Race
     Samedi : 46km/2800D+, reconnaissance Maxi-Race
     Dimanche : 68km/1700D+, Col de Restefond à vélo

     Un bloc de 3 semaines très satisfaisant, avec une course « test », des sorties longues plus longues qu’avant, un beau week-end choc et l’intégration du vélo avec les allers retours au travail qui gonflent encore un peu plus les chiffres. Comme on dit, le job est fait. Durant les 2 semaines suivantes, phase d’affûtage, quelques sorties afin de diminuer le volume progressivement, régénérer le corps et se reposer le plus possible. Bien que cette course ne soit pas un objectif principal, j’ai tout de même à cœur d’y arriver dans les meilleures conditions possibles.

     Me voilà, prêt à entrer dans le vif du sujet, le résumé de ma course. Rappel des faits : une boucle de 100km et 5600D+ faisant le tour du lac d’Annecy par les montagnes, à parcourir en moins de 23H35′.

     La nouveauté de cette année, c’est un départ très (trop au goût de certain) matinal, à 2H15. Trop tard pour un départ de soirée mais trop tôt pour un départ le matin, cet horaire pile au milieu de la nuit met notre capacité à s’adapter et à s’organiser à rude épreuve. De part mes impératifs au travail, j’ai pu récupérer mon dossard la veille à 20H, seulement 6H avant de partir. Pour des raisons pratiques, nous avons donc décidé, avec ma copine (faisant mon assistance), de directement dormir sur place, dans la voiture. Autant dire que la nuit fut quasi blanche, avec seulement 50min de sommeil léger pour ma part. Tant pis, on fera avec, cette course étant une préparation pour l’UTMB où il y aura une nuit sans dormir dans tous les cas, cela gagne en réalisme.

     À 2H, j’entre dans le SAS « Élite ». Une première pour moi, et je me retrouve aux côtés des coureurs favoris tel que Arthur Joyeux-Bouillon ou encore Hugo Deck. Ugo Ferrari, plusieurs fois dans le top 30 de l’UTMB est au micro en tant que speaker et me fait signe d’approcher afin d’échanger quelques mots avec lui, c’était assez rigolo. Je dis bonjour et souhaite bonne course à Arthur, puis on nous demande de nous approcher et de nous placer sur la ligne de départ. Ayant l’opportunité d’être dans ce SAS, je saisis l’occasion pour me placer en toute première ligne. C’est déjà là une grande victoire pour moi d’être à l’avant d’une course de cette importance, de ce prestige, j’en profite au maximum !!!

     À 2H15, comme prévu, le départ est donné. En me plaçant devant, je savais que j’allais devoir assumer l’allure des premiers, et je dois dire qu’avec la joie, l’excitation et l’euphorie du départ, cette allure de 3’40″/km est passée comme une lettre à la poste. Bien qu’il reste encore 99km à parcourir, mon plus beau souvenir se passe à ce moment-là, dans le top 5, en courant côte à côte avec les favoris. Je ne l’oublierai pas, et ce sentiment me portera tout au long de la course !!! J’ai bien sûr levé le pied après 1km, en profitant que l’on soit sur une large route pendant 3km encore pour laisser passer les coureurs plus rapides que moi afin de me retrouver finalement avec des coureurs plus ou moins de mon niveau.

     Après 4km de route à plat, on attaque la première difficulté de cette belle journée : le redoutable Semnoz. Une longue montée de 16km et 1050D+, donc pas des plus raides sur le papier, mais qui peut déjà faire mal si l’on n’est pas vigilant. En effet, la montée est très irrégulière avec une alternance de belles côtes et de replats pour relancer. La technicité est également de la partie, dans la nuit qui ne rend pas la tâche plus évidente. Pour ma part j’essaie de me temporiser au maximum, ce n’est pas dans cette montée qu’il faut user ses forces. Quelques coureurs continuent de me dépasser, sans m’affoler. Je m’efforce de manger dès le début de course et de boire aussi. Au 20ème kilomètre tout pile, j’arrive 123ème au premier ravitaillement, qui est également la première base vie avec assistance autorisée. J’y passe très peu de temps, le temps de remplir mes flasques et de piquer 3 ou 4 morceaux de jambon pour le sel qu’il contient, je risque d’en avoir besoin pour la suite. Je n’ai pas usé de l’assistance pour ce ravitaillement. Premièrement, je ne la jugeais pas nécessaire après si peu de kilomètres, même si cela m’aurait un peu allégé en barres et compotes.

     Deuxièmement, l’accès en voiture y était quelque peu difficile, j’ai préféré dire à ma copine de se diriger directement vers Doussard, où elle aura le temps de continuer sa nuit de sommeil.

     Par rapport à l’année dernière, le parcours se rallonge de quelques kilomètres, afin d’arriver à un total de 100, tout pile. Et c’est sur ce plateau du Semnoz que l’on effectue une boucle avant la descente qui nous mènera à Saint-Eustache. Il est 5H, et on a droit à un magnifique lever du jour. On attendra encore 2H de plus pour voir le soleil. C’est durant cette boucle, qu’un des crochets de mon carquois se détache. Je regarde, et c’est en fait la couture qui a lâché, au pire moment évidemment, au début d’un ultra. J’improvise, je ne peux pas continuer comme ça, c’est bien trop inconfortable. Je m’arrête donc, enlève mon sac et je récupère une des épingles à nourrice de mon dossard pour réparer ça tant bien que mal. Cela fonctionne et je repars.

     J’entame alors la descente. Les à-coups répétitifs sont trop forts et ma réparation précaire n’est pas suffisante. Tant pis, nouvelle improvisation, je coince mes bâtons directement sur le devant de mon sac pour ne plus utiliser le carquois du tout. Ce n’est pas optimal, mais ça fonctionne, et c’est bien là le principal pour le moment. Je descends bien, en gestion car c’est seulement la première de la journée. Je me fais régulièrement doubler par des coureurs qui sont en relais, car eux sont frais, ils viennent de commencer. La descente contient quelques sections techniques mais elle est plutôt abordable dans l’ensemble. Je suis parfois seul, parfois dans un petit groupe que je rattrape. Quelques petites remontées, quelques passages sur la route et quelques passages boueux. Après la traversée d’un ruisseau, une dernière remontée nous amène enfin vers les premières maisons de Saint-Eustache. Il nous reste encore à traverser le village, ce qui n’est pas rien car il est tout en montée. J’arrive au ravitaillement, ou du moins au point d’eau installé au kilomètre 39, en 98ème position.

     On continue encore un peu sur la route avant de repartir dans la forêt. Le terrain n’est pas technique mais boueux par endroit. Je rencontre ici un lieutenant du 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins d’Annecy, dans lequel j’ai servi 5ans. C’était un beau moment de pouvoir échanger avec lui quelques minutes. La montée jusqu’au col de la Cochette se passe bien, nous sommes un bon paquet ici à ce moment-là, tous en file indienne. Il commence à faire bien chaud, et je me concentre sur mon hydratation et à bien manger. La montée au col se fait bien, mon classement est stable. La descente qui s’en suit est bien plus technique que la précédente. On descend sur la crête de la montagne d’Entrevernes, les gros rochers et les racines sont de la partie, il faut vraiment regarder où poser les pieds. Certains passages sont même équipés d’une main courante pour s’aider. La descente se termine avec l’arrivée au kilomètre 47 à un nouveau point d’eau. La journée est chaude, et passer sa tête sous le robinet n’est plus une option, mais une nécessité pour éviter de surchauffer.

     La suite, une petite remontée de 200D+ sur une crête peu technique, en haut de laquelle je passe en 84ème position, mais ça je ne le sais pas encore. Je suis rejoint par un autre coureur, très sympathique, avec qui l’on discute, surtout de mon Arctic Ultra, pendant lequel il m’avait suivi. Il partira devant dans la descente vers Doussard pendant que je mangerai une barre. Cette descente d’ailleurs, est assez raide au début, puis se radoucit progressivement jusqu’à atteindre la route au niveau de Lathuile. Ce sont ensuite 3 bons kilomètres de plat, entre bitume, piste et champ, sans aucune ombre pour relier la prochaine base vie, à Doussard. Cette portion est difficile. Les jambes sont fatiguées et il s’agit de ne pas passer trop de temps ici, tant le soleil peut y être fatal.

     Je rattrape mon ami d’avant et le passe en lui souhaitant bon courage pour la suite. J’atteins enfin la base vie. Je suis 79ème, après 6H40′ de course. Je pensais arriver en 6H30′ si tout se passait nickel, donc je suis plutôt content, mais je pensais aussi être environ 100ème. Je ne sais donc plus trop quoi penser à ce moment-là ni quelle stratégie adopter pour la suite. Tant pis, je continue sur mon rythme et on verra plus tard. Ma chérie est là pour mon assistance, je refais le plein de barres et de gel et surtout, je lui laisse mon carquois devenu inutile. Il fait chaud mais tout va bien, énormément de monde est réuni ici pour nous encourager et je suis motivé à 200%.

     Encore un peu de plat pour finir de traverser cette plaine de Doussard. D’abord dans un champ, puis une piste cyclable, qui permet d’allonger un peu la foulée, si les jambes le permettent. Vient alors la troisième difficulté de cette journée : le col de la Forclaz. Je le connais bien, j’y venais m’entraîner lorsque j’étais au 27ème BCA, et je m’étais préparé mentalement à en tirer partie, à être en forme dans cette montée. Dans la réalité, ce fut plus compliqué. Avant même de commencer la montée, un de mes bâtons est bloqué, je n’arrive plus à l’ouvrir. Par chance, un coureur du relais me rattrape, et je remarque qu’il est assez musclé, bien plus que la plupart des coureurs. Je me retourne et lui dis, mot pour mot « salut, t’as des gros bras toi, tu pourrais m’aider à tirer et ouvrir mon bâton ! ». On échange nos bâtons et après avoir tiré de toutes ses forces, il parvient finalement à l’ouvrir. Je le remercie grandement, il me sauve la suite de ma course.

     Je me retrouve peu après dans un groupe de 4 coureurs, avançant à la même allure. On monte bien, mais on est régulièrement dépassé. Je comprends que ma forme n’est pas celle que j’avais espéré avoir. Ce n’est pas grave, je ne lâche rien mentalement, car j’ai l’avantage de connaître exactement chaque caillou de cette section. Arrivé au sommet, je suis accompagné d’un coureur qui venait de me rattraper. Ses amis sont là, et il leur dit de lui donner son autre paire de chaussures car celles-ci lui font trop mal. Encore une fois, je me retiens de lui faire la réflexion que le ravitaillement hors-zone est interdit. Honnêtement, ces cas de triche en pleine course (si vous estimez comme moi que ça en est), certaines élites en ont fait les frais, et, même si l’on est à un niveau amateur, ça me rend dingue. Il y a un règlement à suivre, le même pour tout le monde, et je vis assez mal le fait de voir des gens qui trichent.

     Enfin bon, je continue ma route en oubliant ce que je viens de voir. Une petite descente, durant laquelle je ne replie pas mes bâtons, de peur de ne plus pouvoir les rouvrir ensuite. J’atteins le prochain point de ravitaillement, Montmin, où ma chérie est venue m’encourager. Je suis 70ème, ce qui sera ma meilleure position. Je prends soin de bien m’hydrater et m’asperger d’eau le plus possible car il fait très chaud maintenant, et le prochain point d’eau n’est pas à côté. Je repars pour cette section que j’étais venu reconnaître 2 fois, justement parce que je la redoutais, de part sa technicité, qu’il n’y a pas d’ombre, et que l’on aurait de la chaleur après autant de kilomètres et d’heures de course.

     Une première partie sur une piste forestière, avant de se transformer en single. La pente n’est pas forte pour arriver au refuge du Pré Verel. De là, 200D+ pour monter au col de l’Aulp, en plein soleil. Il est assommant. Ça y est, la chaleur m’a eu. Je n’avance vraiment pas vite malgré ma volonté de quitter cet endroit et de retrouver les arbres le plus vite possible. Je subis, mon énergie est beaucoup plus dirigée vers le refroidissement de mon corps, plutôt qu’à me faire avancer. C’est dur, très dur. Autant vous dire que dans ma tête, toutes mes pensées sont dirigées vers la Yukon Arctic Ultra et ses -45°, que j’envie énormément !!!

     Je passe le chalet de l’Aulp, et dans la petite descente qui s’ensuit, je sais qu’il y a un petit cours d’eau dans le lequel je pourrai me rafraîchir. Je ne le manque pas, il me fait un bien fou. Un bien cependant temporaire. La fraîcheur de l’ombre ne dure pas, puisque qu’il faut maintenant passer cette avant-dernière difficulté du parcours, le pas de l’Aulp, surplombé par le Roc d’Ancrenaz. 200D+ une nouvelle fois, en ayant très peu de possibilité de s’abriter sous l’ombre d’un arbre. Je perds des places à ce moment-là, en étant 88ème. Je continue de m’accrocher, avec pour seul objectif en tête, le prochain point d’eau. La descente suivante n’est pas des plus faciles non plus. Un bon kilomètre de faux-plat descendant puis montant, et on récupère une piste 4×4 avec de gros cailloux. C’est abrupt, il faut constamment regarder où poser les pieds, un effort non négligeable. Alors que je pensais que les montées seraient mon point fort, c’est en descente que j’arrive à reprendre du monde.

     J’arrive ENFIN au point d’eau de Villard Dessus, 81ème. Il n’y a pas de nécessité à se dépêcher, et même si la prochaine base-vie n’est qu’à 6 kilomètres de là, la dernière section fut rude. Prendre quelques secondes ou minutes de plus ici pour me refaire une santé ne sera que bénéfique pour la suite. Je repars, trempé d’eau froide de la tête aux pieds. Ces 6 kilomètres ne sont pas super techniques. 2 petites remontées puis une dernière descente qui se finit avec 800m de route pour atteindre la base vie de Menthon. Je viens de parcourir 83km en 11H11′ et je suis 84ème.

     Je suis rincé par la chaleur, mais encore pas si mal musculairement et surtout, j’ai toute ma lucidité. Je profite de mon assistance pour boire et manger. Je sens que je dois quand même me poser quelques instants alors je m’assieds par terre en me disant « seulement 2 ou 3 minutes ». Cela semble « dangereux », en se disant que je ne me relèverai plus. Et pourtant, je me redresse sur mes jambes après ces 2 minutes, prêt à en découdre avec cette dernière section : le Mont Veyrier.

     Cette montée ne commence pas juste à la sortie du ravitaillement. Une « marche d’approche » de 4km, mélangeant de la route, du champ et du chemin pour traverser Menthon et ses alentours nous mène au pied du Veyrier. Je l’ai déjà gravi un certain nombre de fois également, mais très peu de ce côté-ci. C’est donc chouette d’en découvrir une nouvelle facette grâce à cette course. Le début est assez raide, puis cela s’aplanit doucement. Le chemin est plus ou moins technique avec des singles étroits, de la boue et des petites côtes bien raides. Je perds quelques places, celles-là même que j’avais gagnées lors de mon arrêt rapide à Menthon. Mon classement reste donc relativement stable.

     Le plus gros de la montée est fait, et j’arrive au col des Contrebandiers, où une citerne d’eau a été rajoutée par l’organisation en raison de la forte chaleur. Bien que j’aie été à l’ombre tout au long de la montée, je suis bien content de pouvoir en profiter. Il me reste suffisamment d’eau afin de terminer la course, mais je m’avance afin de pouvoir mouiller ma casquette. Quand je leur demande, un des bénévoles présents me dit que non ce n’est pas possible. Je crois d’abord à une blague, et quand je demande s’il est sérieux il me répond que oui, ce n’est vraiment pas possible… Bon tant pis, il ne me reste plus qu’à mourir de chaud en me demandant bien à quoi sert alors cette citerne ?! Si c’est réservé pour remplir les flasques, alors j’aurais dû m’en vider une sur la tête devant eux pour ensuite pouvoir la remplir, ce à quoi je n’ai pas pensé sur le coup tant son refus m’a surpris.

     La deuxième partie de la montée est vraiment belle, avec un terrain technique, où même les bâtons deviennent inutiles. La vue se dégage sur le lac d’Annecy d’un bleu éclatant, c’est vraiment magnifique. Le « mauvais » côté, c’est que du coup, avec la vue dégagée, le soleil cogne de nouveau très fort sur la tête. On reste sur la crête environ 500m, où courir est impossible, ou presque, à cause des gros cailloux qui font office de chemin. J’avance aussi bien que je le peux.

     Je passe le Mont Baron au 93ème kilomètre, il en reste 7 et plus que de la descente. Une première partie raide et technique. Je fais attention à rester concentrer, une erreur à ce moment-là de la course serait vraiment dommage. L’excitation et l’euphorie de la fin de course commencent peu à peu à se faire sentir prenant la place de la douleur. Les jambes deviennent alors de plus en plus disponibles pour augmenter l’allure pendant que la pente se radoucit.

     Au parking de Pré Vernet, j’annonce : nouveau cas de triche. 3 coureurs me reviennent dessus, rien d’anormal. L’un d’eux s’adresse à un autre « merci pour la descente, c’est cool que tu sois venu ». Pas la peine d’avoir fait Saint-Cyr pour comprendre que ce 3ème coureur n’est pas un participant mais bien un « pacer » pour les 2 autres. Et devinez quoi, le pacing est interdit. Alors certes, on n’est pas sur des actes de triche tels que le dopage ou de prendre une voiture, mais ça reste une infraction au règlement. Alors soit c’est moi qui suis à chaque fois au mauvais endroit au mauvais moment pour en être témoin, soit c’est que ces petits actes sont de plus en plus nombreux, mais après 2 ultras d’affilé à y être confronté, je pense qu’à partir de maintenant je n’hésiterai plus à porter des réclamations. Certains ne seront probablement pas d’accord avec moi, mais finir derrière des coureurs qui utilisent la triche comme moyen d’être meilleurs que les autres, ça ne m’amuse pas tellement !!!

     BREEEEF, il me reste 4 kilomètres, qui s’avèrent être très roulants, principalement en descente et donc très rapides. En tout cas c’est comme ça que je les ressens, car mon allure, elle, ne descend pas en dessous des 6’/km. On est loin des 3’40/km du départ. J’arrive sur le bord du lac, les gens sont rassemblés pour encourager les coureurs, l’ambiance est top. Je donne tout ce qu’il me reste, surtout car je vois des coureurs juste devant moi. Je parviens à les passer et après le tour du terrain de foot, je passe finalement cette ligne d’arrivée après 14H11′ de course, à une satisfaisante 86ème position.

     Je suis accueilli par le Duc de Savoie en personne, Ugo Ferrari, speaker à ce moment-là. Il vient me tendre le micro pour recueillir mes premiers mots sur la course, à chaud, c’est le cas de la dire. La meilleure question ??? « Est-ce que je préfère la fraîcheur du Yukon ou la chaleur des Alpes ??? ». Évidemment, après avoir subi la chaleur pendant les 8 dernières heures, je ne pouvais que répondre la fraîcheur du Yukon. On verra probablement ma réponse changer l’hiver prochain.

     J’avais initialement coché cette Maxi-Race en 2 jours dans mon calendrier, afin d’en faire une course préparatoire pour le Val-d’Aran qui a lieu seulement 5 semaines plus tard. Avec le transfert de mon inscription et ma chance de pouvoir participer à la course reine, cette Maxi-Race est finalement devenue un objectif presque principal, afin d’honorer ce dossard.

     Concernant ma gestion de course, je pensais pouvoir partir encore un peu plus en conservant mon énergie. J’ai réussi à le faire jusqu’au Semnoz, alors que j’avais prévu d’être tranquille jusqu’à Doussard. C’est de l’expérience en plus, on y reviendra avec des points de repères plus tard. Pour ce qui est de la chaleur, et cela se confirme, je ne suis pas fait pour ça. Le marathon des sables n’est encore pas envisageable. Après avoir analysé les classements, il se trouve qu’à partir de Doussard, je perds plus de temps que les autres coureurs autour de moi. Je continue de travailler sur le sujet et trouver des moyens pour contrer cela.

     À propos de mon chrono final, 14H11′, c’est une bonne heure au-dessus de mes prévisions. Mais quand je vois que tout le monde est finalement 1H au-dessus des temps par rapport à l’année dernière, je me dis que ce n’est pas si mal.

     Pour l’anecdote, mon Index UTMB pour l’Istria 110km est de 652, pour la Maxi-Race, il est de 653. Une régularité au delà de ce qu’il est possible d’imaginer, mais qui confirme donc que mon niveau est celui-ci.

     Une course mythique de plus à laquelle j’ai eu énormément de plaisir à participer enfin. Je reviendrai, et je ferai encore mieux !!!
     Merci une nouvelle fois à SD Management pour m’avoir donné l’opportunité de prendre part à cette belle course.
     Merci à ma chérie pour l’assistance au top une nouvelle fois.
     Merci à vous tous, ma famille et mes amis pour vos messages avant, pendant et après la course, ce soutien est une force indescriptible !!!

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