
TACKLE THE TOAD

Un peu plus d’un mois après le marathon de Calgary, place enfin à mon premier trail de la saison. Pendant mes recherches de courses durant l’hiver, je n’avais malheureusement pas trouvé d’ultra en montagne, mais seulement des trails longs, entre 40 et 60km. Mon choix s’est alors porté sur « Tackle the Toad » (« Attrape le Crapaud » en français) qui se déroule à Nelson, en Colombie-Britannique, le 29 juin. Toute première édition de cet événement organisé par une jeune bande d’amis, son nom est tiré du sommet « Toad Mountain », point culminant de la course à 2204m d’altitude. 2 formats y sont proposés, un 21km/1000D+* et un 50km/2500D+.
*Dénivelé positif (en mètre)
Préparation
Après le marathon, je prends 4 jours de repos total, puis je pars tester les jambes avec une petite sortie trail de 11km/300D+. Tout va bien, pas de douleurs, tout les feux sont au vert pour repartir à l’entraînement dès la semaine suivante. Mais avant ça, il se trouve que je suis justement à Nelson le jour suivant, et c’est donc l’occasion d’aller faire une petite reconnaissance du parcours. Le parcours est constitué de 2 montées, une première de 600D+ et une seconde de 1200D+, et c’est sur cette dernière que je m’élance. Malheureusement, la neige est encore (bien) présente et je m’arrête après seulement 800D+, au niveau du ravitaillement n°3. De plus, il pleut et le vent s’est levé, pas les meilleures conditions… j’espère que les prochaines semaines seront plus clémentes et que la neige disparaîtra suffisamment pour nous permettre de réaliser l’intégralité du parcours.

Après cette semaine de repos/reprise, il est temps de se replonger dans l’entraînement, et j’ai un joli plan qui m’attend pour les 3 prochaines semaines. J’ai quitté Revelstoke, et je suis maintenant à Canmore, 2ème ville la plus haute du Canada, à 1300m d’altitude. C’est ici qu’avait eu lieu les épreuves de ski de fond et de biathlon durant les jeux olympiques de Calgary en 1988. Une ville sportive donc, entourée de montagne ressemblant aux Alpes et approchant les 3000m. Un environnement parfait pour préparer un UTMB.

Je construis alors mes semaines toujours sur le même modèle, avec 3 séances de qualités, à savoir un fractionné à plat, un fractionné en côte et une sortie longue ainsi que d’autres sorties plus tranquille pour lier tout ça et augmenter le volume. Une à deux séances de muscu en salle par semaine sont aussi au programme pour développer mon haut du corps et me permettre une bonne utilisation des bâtons. Je détaille si après les séances de qualité effectuées ainsi que le volume total:
1ère semaine
– Mercredi: fractionné à plat
8×800m (récup’ 200m)
– Vendredi: fractionné en côte
3×300D+ (récup’ en descente)
– Dimanche: sortie longue
28km/1800D+
Total de la semaine:
– 80km
– 5000D+
– Muscu haut du corps ×1


2ème semaine
– Mercredi: footing actif à plat
16km dont 10km en « negative split » de 4’25/km à 3’30/km
– Vendredi: fractionné en côte
10×100D+ (récup’ en descente)
– Dimanche: sortie longue
32km/2200D+
Total de la semaine:
– 97km
– 6000D+
– Muscu haut du corps ×2
3ème semaine
– Mercredi: footing à plat
16km
– Samedi: fractionné en côte
5×210D+ (récup’ en descente)
– Dimanche: sortie longue (en 2 parties)
Matin: 24km/1400D+
Soir: 11km/1000D+
Total de la semaine:
– 115km
– 7000D+
– Muscu haut du corps ×1

3 semaines hyper satisfaisantes sur le plan sportif avec une transition de la route aux sentiers qui s’est bien passée, une belle progression en montagne et surtout pas de blessures, même pas une gène. Le corps s’adapte parfaitement, le moral et la motivation sont au top et je me sens super prêt pour la course qui approche à grand pas.
Dernière semaine

Nous sommes à J-5 du départ, et ce à quoi je m’attendais arriva. L’organisation nous informe par mail du changement du parcours à cause de la neige encore en trop grande quantité sur le sommet. Nous ne passerons donc pas au sommet de Toad Mountain. C’est dommage, mais la sécurité avant tout bien évidemment. Le parcours initial en forme de grande boucle laisse alors place à plus ou moins 2 petites boucles en partant du ravitaillement n°1, 6,5km après le départ. Si la distance reste sensiblement la même, le dénivelé est néanmoins diminué de 300m et nous devrons affronter 3 montées au lieu de 2, bien qu’elles soient plus courtes. Cela ne change finalement pas grand-chose, l’entraînement est fait, et il suffit juste de redessiner le parcours sur la carte pour me l’approprier de nouveau.
Niveau entraînement, la charge diminue drastiquement avec seulement 2 séances cette semaine: un renforcement musculaire comprenant 45′ de vélo et une sortie trail rapide de 12km/300D+.
Le départ est prévu pour le samedi matin à 6H. Je pars de Canmore le jeudi après mon service du soir et m’arrête après 2H de route pour passer la nuit à Invermere. Le lendemain, après 4H de route en plus, j’arrive enfin à Nelson. Après quelques dernières épingles sur une route en terre, j’arrive enfin sur le lieu du départ/arrivée pour récupérer mon dossard. Ce sera le numéro 20. Je ressens déjà la bonne ambiance de l’organisation, cool, détendue, à qui ça fait juste plaisir d’être là!! Je redescend la route en terre et me gare sur un petit parking juste au début de celle-ci. Nous ne sommes vraiment pas loin du départ, à peine 1km. À cet endroit, je fais la connaissance de Guillaume et Anne-Gaëlle, 2 français en roadtrip dans les alentours et participant au 21km le lendemain.

La nuit tombe, il est temps de préparer son matériel et de manger afin d’être en pleine forme pour la grosse journée du lendemain.

La Course
Départ prévu et lancé à 6H pétante. Nous sommes 69, il s’effectue sur un petit parking, et nous entrons directement (vraiment directement) dans la forêt, sur un single où on attaque la première montée de 1200D+. Je pars en sprint sur les 20 premiers mètres afin d’éviter les bouchons qui sont très prévisibles. J’arrive alors à y rentrer en premier, et de suite nous sommes un groupe de 5 coureurs à nous détacher. C’est parti, le fun commence.

Je suis toujours en tête avec un autre coureur et il me dépasse après 400D+. Je passe le 1er ravitaillement après 6,5km/600D+, sans m’y arrêter, et je le vois devant moi à 1′ environ. J’ai également 1′ d’avance sur 2 coureurs derrière moi, dont la première femme Kiah Wheeler, très forte triathlète. La deuxième partie de cette montée est plus raide, les bâtons sont de la partie, et ça pousse fort en alternant des portions de larges pistes carrossables et des petits chemins techniques. Peu après avoir dépassé Morning Mountain, j’arrive enfin au sommet et c’est maintenant 1000m de descente qui m’attendent.

Je passe au 2ème ravitaillement au début de cette descente et j’en profite pour leur demander à combien de temps se trouve le premier, car malgré le terrain dégagé dans le début de la descente, je ne suis pas parvenu à le voir. Et là attention, la gentille bénévole me lance « You’re crushing it, you’re first!! », traduit par « tu déchires, tu es premier!! ». Je suis alors totalement stupéfait et je lui réponds dans un anglais approximatif dû à l’effort du moment que ce n’est pas possible, quelqu’un m’a doublé plus tôt et je ne l’ai pas revu depuis, qu’il est peut-être perdu quelque pars. Elle me dit de ne pas m’en faire, elle va se renseigner et que je peux continuer la course tranquille. Bon, qu’il en soit ainsi alors.
La descente est longue, pas très pentu, presque interminable… heureusement j’ai bien appris et travaillé le parcours et j’arrive à me repérer plus ou moins pour savoir où j’en suis. J’arrive enfin au 3ème ravitaillement au kilomètre 30, il commence à faire chaud et je prends un peu de temps pour me rafraîchir et bien boire. Deuxième bosse de la journée suite à ça, 300D+ qui font parti de ceux que j’avais reconnu un mois plus tôt. Ils sont raides, j’aime ça et ils se passent très bien. On enchaîne ensuite 400D- et 100D+ pour terminer cette boucle de 8km et revenir au 3ème ravitaillement qui est également le 4ème. À ce moment-là, un autre bénévole me dit alors que j’ai une dizaine de minutes d’avance sur le 2ème, c’est l’avantage de passer plusieurs fois au même endroit.


Je suis jusqu’ici encore en gestion dans mon effort, et cela me conforte dans ma stratégie. Je reste alors concentré sur mes sensations, je mange et m’hydrate bien jusque-là, je suis encore dans une certaine fraîcheur. Il suffit juste de maintenir cette allure et cette intensité et ça devrait passer pour la victoire. Je ne me focus pas là-dessus évidement, on est encore « loin » de l’arrivée. Les 5km suivants sont un aller-retour et je croise donc plusieurs coureurs qui eux finissent la longue descente. Pour moi ça monte, c’est la dernière bosse, un peu moins de 500D+ avec une pente relativement douce, j’arrive à en courir la majorité, signe de ma bonne préparation, mêlant route et dénivelé.
J’arrive au 5ème et dernier ravitaillement (qui était aussi le 1er) et après un dernier rapide rafraîchissement, j’attaque la dernière descente de 600D-. La même piste de VTT que nous avons monté en début de matinée. Je commence alors à rattraper et doubler les derniers coureurs du 21km, parti à 8H. Je gère cette descente du mieux possible, de façon à rester en tête, mais aussi à ne pas me tuer les jambes plus que nécessaire, car à peine 8 jours plus tard une autre course est au programme: la Raven 50, à Whitehorse. Après un moment d’inattention à 1km de l’arrivée, je fais une chute que j’amortie avec une roulade de ninja, sans gravité pour moi mais le dessus de ma chaussure se retrouve totalement déchiré.
Je parcours les dernières petites épingles et c’est finalement la ligne d’arrivée, sur le même petit parking, que je franchis après un peu plus 5H21′ de course. Je suis super heureux de la course que je viens de faire, l’entraînement des dernières semaines m’aura été grandement bénéfique et je le ressens aujourd’hui.

9′ plus tard, c’est Kiah qui arrive en seconde position suivi de Shota Ida, un kiné de Revelstoke dont j’avais suivi une conférence cet hiver sur les blessures en course à pied, seulement 1′ après.
Je rencontre Guillaume et Anne-Gaëlle de nouveau et nous discutons de nos courses respectives. Le hasard fera que nous nous rencontrerons encore le week-end suivant. La remise des prix a lieu à 13H, et je reçois un bon d’achat de 200€ pour une paire de chaussure au magasin de sport « Mallard’s Source for sports », auquel je me rendrais en fin d’après-midi.

Pour dire quelques mots sur l’événement, c’était franchement le top. L’équipe organisatrice toujours avec le sourire et la bonne humeur, toutes les réponses à nos questions et nos angoisses. Tous les éléments qui font qu’une telle course soit réussi étaient présents: la musique, le chronométrage, un joli parcours, des ravitos bien organisés, un bon balisage, les lots et cadeaux finisheurs… un évènement à taille humaine que je recommande sans problème et auquel je reprendrais part volontiers si l’occasion se présente!!

Pour en finir avec ce résumé je tiens bien sûr à remercier l’organisation pour cette magnifiques journée et tout ceux qui m’ont envoyé un message avant, pendant ou après la course.
Photo:
– https://salmophoto.picflow.com/t0w0w6jl5q
– https://www.codyshimizu.com/tackle-the-toad-2024-1?ct=2
– https://www.bradleymxxre.com/tacklethetoad
– https://rawagave.pixieset.com/tacklethetoad/
“Jour après jour, un peu plus vite, un peu plus loin, un peu plus fort”
FIN