
ULTRA-TRAIL DU MONT-BLANC
Dans cet article, je vous présentais ma préparation et les cycles d’entraînements que j’ai mis en place afin d’arriver aussi prêt que possible sur cette ligne de départ, celle de l’UTMB, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Nous sommes en septembre, et il est maintenant l’heure de vous raconter cette course, parmi les plus prestigieuses au monde et que j’ai eu la chance de courir.

H-2

Il est 16H, je suis maintenant dans l’aire de départ. Je suis assis sur le sol, de même que les autres coureurs autour de moi afin de se préserver un maximum. Je discute un petit peu, l’ambiance est détendue. À 17H, l’aire de départ commence à se remplir de plus en plus ce qui nous oblige à nous lever. Je suis sur la première ligne du sas réservé aux amateurs et je peux donc voir les 2 sas élites devant moi commençant à se remplir également.
Je repère quelques coureurs connus tels qu’Alexandre Boucheix (alias Casquette Verte), Ugo Ferrari (le Duc de Savoie) ou encore Maryline Nakache chez les femmes. À 20min du départ, les top élites commencent à arriver également. Jim Walmsley, Mathieu Blanchard, Germain Grangier, Katie Schide ou encore Marianne Hogan sont présents. Il fait beau, la température est élevée mais pas assommante pour autant. Nous sommes dans les dernières minutes.

Nous avons droit à un rapide briefing de Catherine Poletti (fondatrice avec son mari Michel de l’événement), puis du célèbre discours ÉPIQUE de Ludovic Collet. L’excitation est à son comble, et à 2 petites minutes du départ, LA musique se lance. « Conquest of Paradise » de Vangelis. Les frissons, une larme qui coule d’émotion en repensant à tout ces mois d’entraînement. Finalement, le « GO » du départ se fait entendre.
C’est parti!!

Chamonix (0km) – Les Contamines (31km)

Les coureurs commencent à s’élancer. Nous sommes assez serré, mais quand je pense que nous sommes 2761 à prendre le départ, je me dis que c’est assez normal. Le peloton commence déjà à s’étirer après quelques centaines de mètres, et je peux me caler sur mon allure de croisière, à 5’/km sur les premiers kilomètres qui sont relativement plats. La foule est présente dans les rues de Chamonix et des supporters en continue nous acclament sur les 3 premiers kilomètres. Mon ami canadien Michael O’Farell me double à ce moment-là. Dans le même temps j’attrape un shooter de bière tendu pour les serveurs d’un bar devant lequel nous passons et le siffle cul-sec!! L’allure est bonne, j’avance bien mais sans me fatiguer de trop, je me sens globalement en bonne forme.

Arrivé au Houches, km 8 et premier petit ravitaillement. Je remplis une de mes flasques avant d’attaquer la première montée, 800D+ pour monter à la Charme. Durant celle-ci, je suis surpris de doubler Ragna Debats, vainqueur féminine du marathon des sables 2019 (elle abandonnera finalement après 116km).


La redescendre sur Saint-Gervais se passe bien et nous avons droit à un magnifique couché de soleil. En traversant le village, la foule est monstrueuse, l’ambiance y est dingue!! J’en profite, le tape dans les mains, je fais le plein de bonnes ondes et énergies. J’atteins le ravitaillement en 296ème position. Je remplis de nouveau mes flasques avec eau et électrolytes, et à la sortie de celui-ci je vois mon ami Boris, avec qui j’étais au bataillon ainsi que Laurent, que j’avais rencontré lors du Nice Côte d’Azur by UTMB et qui est ici en tant que spectateur et supporter.

C’est maintenant près de 10km de faux plats montant qui nous attendent pour rallier les Contamines, la première base-vie avec assistance, au 31ème kilomètre. Je me sens toujours bien sur cette section et je double une quinzaine de coureurs. La nuit est tombée et j’arrive au Contamines peu après 21H30. Ma maman qui me fait l’assistance est là et je prends le temps de me changer entièrement. J’enfile un collant, un T-shirt à manche longue et je change de chaussures. J’ai opté pour commencer la course pour des chaussures de route, les Saucony Kinvara 14, avec lesquelles j’avais couru le marathon de Calgary en début d’année. Je continue maintenant avec les Salomon Sense Ride 5, que j’ai gagné lors de Tackle the Toad, et qui sont pour moi un bon compromis entre amorti et accroche, adapté au parcours de l’UTMB, majoritairement peu technique.

Les Contamines (31km) – Courmayeur (82km)

Je ressors de la base-vie prêt à affronter la longue nuit qui s’annonce. Mais avant ça, l’emblématique passage de Notre-Dame de la Gorge avec encore beaucoup de bruit et de supporters. Un dernier shot d’adrénaline avant de plonger dans le silence de la nuit.
Deuxième difficulté du parcours, la montée à la Croix du Bonhomme à 2440m d’altitude. Dès ce moment-là, je sens que je suis moins en forme que ce que je devrais l’être. Je me sens faible, pas de sensations dans les jambes. J’essaye de faire ma course, de rester concentrer sur moi-même, mais je vois bien que je me fais énormément doubler. Malgré ces sensations plus que moyennes, j’atteins le refuge en 6H14′, contre 6H11′ pour mes prévisions, établis pour boucler la boucle en 28H20′. Je suis donc parfaitement dans mes temps, malgré mon état. La descente suivante au Chapieux se passe bien, je récupère même mes 3′ de retard pour y arriver pile dans mes prévisions, à la minute près.
En arrivant, contrôle du matériel obligatoire. On me demande mon téléphone, ma couverture de survie ainsi que les deux litres de capacité pour l’eau. J’arrive ensuite à ne pas y rester trop longtemps et je repars 6′ plus tard. En sortant du ravitaillement je croise Émilie, une amie rencontrée lors d’un stage de trail au Cap-Vert.


Il est 1H du matin, les températures sont douces, le ciel est étoilé, et c’est reparti pour le calme de la nuit. Une montée au col de la Seigne progressive, presque 1000D+ sur 11km. J’assiste au spectacle des frontales derrière moi, tel un serpent dans le noir. Comme une descente au flambeau, mais qui remonte la pente au lieu de la descendre.
Je continue de me faire doubler, je sens bien que je n’ai pas l’énergie que j’aurais aimé avoir à ce moment-là de la course. Je n’ai aucun contrôle sur mon allure, aucune capacité de relance. Je me contente d’avancer, de suivre les autres en montée et de me laisser descendre. Ce n’est vraiment pas confortable. J’essaie toujours de rester concentrer, je garde en tête que le jour va finir par se lever, il me suffit juste d’atteindre Courmayeur. La fin de la montée est longue, et j’atteins enfin le sommet après plus de 2H, avec 17′ de retard sur mes prévisions. Après 200D-, 200D+ pour contourner les pyramides calcaires et 600D-, j’arrive au ravitaillement au Lac Combal. 19′ de retard, c’est pas pire.
Depuis la dernière descente, on croise des équipes de la PTL (Petite Trotte de Léon), parti depuis le lundi matin pour 300km et 25000D+!! Je discute 5′ au ravitaillement avec l’une d’entre elle avant de repartir pour la dernière montée avant Courmayeur, 500D+ vers l’arête du Mont Favre. Rien de nouveau, je subis plus ou moins la montée et je perds 11′ de plus pour accuser un retard de 30′ au sommet. Bien sûr je ne connais pas encore mon retard à ce moment-là, je n’y prête pas vraiment attention, je sais juste que j’ai prévu d’arriver à Courmayeur pour 6H.
Ravitaillement rapide à la Maison Vieille de Checrouit et j’entame 4km assez raides, descendant sur les pistes de ski. Les premiers lueurs du jour apparaissent, et je peux éteindre ma frontale au moment d’entrer dans Courmayeur.


À 6H40 j’arrive au gymnase qui abrite la base-vie, avec 38′ de retard exactement sur mes prévisions, en 342ème position, qui sera ma plus élevée durant la course. Je prévois d’y rester 15′. Ma maman m’attend avec mes affaires. De nouveau, je me change pour repasser en tenue de jour. J’enlève mon collant et j’enfile un T-shirt à manche courte. Je mange du riz, je bois mon shaker de protéines et je m’hydrate bien. Même si elle m’a paru courte, je me sens marqué par la nuit, tant physiquement que mentalement.
Je suis assez négatif en arrivant ici, je remets même en question mon projet de course polaire en Alaska, en me disant que je n’ai qu’une seule chance pour le réaliser C’est du « one shot », ça passe ou ça casse. Je commence aussi à comprendre que j’ai très mal géré ma nutrition depuis le début de la course, et finalement même durant la journée précédente, avant le départ. Je fais ce que je peux pour tenter de me remobiliser, et avec le jour qui se lève, c’est maintenant une nouvelle course qui commence. De plus, j’attaque la partie que j’ai reconnu 2 semaines auparavant. Que ça aide ou non, au moins je sais ce qui m’attend. Je ressors du ravitaillement 30′ après y être entré.
Courmayeur (82km) – Champex-Lac (127km)


Je me sens mieux, toujours en manque d’énergie, mais le moral est de retour. La montée au refuge Bertone se fait sur un rythme plus ou moins lent, mais constant. Je rattrape quelques coureurs en gagnant même du temps sur mes prévisions. Je prends 5′ au refuge pour manger un peu et faire le plein d’eau avant la partie assez plate jusqu’à Arnouvaz. Je suis toujours lent dans les montées (qui sont normalement mon point « fort », là où je me sens le plus à l’aise), mais je me surprends à être assez efficace sur le plat et dans les descentes faciles. À mon avis, je ressens encore les effets de la préparation marathon de cet hiver. Après une ultime descente de 300D-, j’atteins Arnouvaz 1H54′ après le refuge de Bertone, quand j’avais noté 1H55′ sur ma feuille de route. Niveau prévision, on est vraiment bien!!




Je prends 10 bonnes minutes cette fois pour me remettre en condition, en mangeant fromage, pain, riz, bouillon… près de 800D+ m’attendent ensuite pour monter au Grand Col Ferret. Il est 10H30, il fait beau, il ne fait pas (encore) la grosse chaleur annoncée pour la journée. L’ascension se passe « bien », toujours ce manque d’énergie constant mais je sais où je vais, et ça aide au niveau mental. Une première partie progressive jusqu’au refuge Elena, puis une seconde plus à pic jusqu’au col, où beaucoup de touristes prennent le temps d’admirer les montagnes et de prendre des photos. C’est aussi à cela que sert la reconnaissance: prendre le temps et profiter de ce qui nous entoure quand pendant la course tu es focus sur ce que tu fais. 1H15′ sur le papier, 1H27′ dans la pratique avec l’arrêt à Arnouvaz, je suis donc bien sur mes allures espérées.
Après le passage à 2537m, marquant également notre passage de l’Italie vers la Suisse, c’est maintenant la redoutable et redoutée descente de 20km et 1500D- qu’il va falloir affronter. Elle n’est pas technique, et comme la montée précédente, je l’avais plutôt apprécié lors de ma reconnaissance.


Je continue ma petite remontée sur les coureurs devant moi, gagnant des places une par une. Durant la descente, on a la possibilité de remplir nos flasques au chalet de la Peule, où je m’arrête seulement 1′ le temps de le faire. Après une portion un peu plus raide et 2,5km de plat, j’arrive à La Fouly. En rentrant dans le Ravitaillement, je tombe sur Michael, mon ami canadien. On discute 5′, il me dit qu’il n’arrive plus vraiment à courir, notamment dans les descentes. Je repars avant lui, et je ne le reverrai plus car il arrêtera malheureusement sa course au ravitaillement suivant.
Justement, ce ravitaillement suivant c’est Champex-Lac, la base-vie où ma maman m’attend. J’y arrive près de 2H après avoir quitté La Fouly. Il est 15H10, il fait chaud mais ce n’est pas caniculaire non plus. Je décide de changer de chaussures et j’enfile mes Saucony Peregrine 14. Elles sont confortables, avec une bonne accroche se qui sera adéquate pour les sections techniques qui arrivent. Je suis 248ème à ce moment-là, mon objectif d’intégrer le top 200 se rapproche. Après un rapide calcul, j’estime être sur des bases de 29H30′ au total et je me dis alors qu’il ne va pas falloir traîner sur les prochains ravitaillements si je veux conserver une chance de passer la ligne d’arrivée sous les 30H, mon objectif principal.

Champex-Lac (128km) – Trient (146km)
Le départ de Champex-Lac se fait en marchant, mes tendons d’Achille commencent à se faire sentir et je leur laisse le temps de chauffer de nouveau. Je me remet à courir, ou plutôt trotinner le long du lac. Je me sens toujours bien sur le plat, je rattrape et double même 2 ou 3 coureurs sur le faux plat montant après Plan de l’Au, juste avant d’attaquer la première des 3 grosses montées restantes.


500D+ pour commencer et atteindre le Col de Portalo. C’est pendant cette montée, au 135ème kilomètre, que je vais complètement m’effondrer… Toutes mes forces vont m’abandonner, et je vais commencer à me refaire doubler. Je rejoins difficilement l’alpage de Bovine, où se trouve une fontaine. Je prends même le temps de m’asseoir 5′ pour retrouver mes esprits. Je perds 40′ dans cette montée et encore 25′ dans la descente vers Trient, pourtant peu technique.
Je comprends que mes objectifs de temps et de classement s’envole mais tant pis. Je reste motivé en sachant combien il est difficile d’obtenir un dossard pour cette course, et j’irai au bout quoiqu’il arrive!!

Avant Trient, où se trouve la 4ème base-vie, je passe le Col de la Forclaz où je vois de nouveau Laurent, accompagné de ses amis, venu m’encourager ainsi qu’un de leur copain courant également, et qui n’est pas loin derrière moi. C’est cool de recevoir du soutien de la part de gens que je connais à ce moment-là. 200D- plus tard, j’arrive enfin à Trient, connu pour son Église rose.

Ma maman ainsi que Boris sont là. Les 10 derniers kilomètres ont été éprouvant physiquement, moralement et nerveusement… Comme d’habitude, je prends le temps boire et manger mais soudainement, les nerfs lâchent. Les larmes montent, puis coulent. Je pleure, beaucoup. Très vite suivi de ma maman, de deux dames de l’organisation et d’une autre dans le public. Un moment fort, intense, ultra riche d’émotions en tout genre. L’Ultra, avec un grand U, c’est aussi ça.
La réalisation de mes erreurs de nutrition avant et pendant la course me frappe de plein fouet et je suis alors extrêmement déçu et énervé contre moi-même. J’ai fais le genre d’erreur que je ne dois plus faire. Je réalise que je me suis en quelque sorte saboté tout seul. Mes pensées sont extrêmement dures à ce moment-là… MAIS, comme je l’ai dis, je n’abandonnerai pas, j’irai au bout. Parce que maintenant, certes mes objectifs ne sont plus atteignables, mais je vais toujours « bien », je ne suis pas blesser, pas physiquement. Je peux continuer à avancer, même doucement, donc c’est reparti.
Trient (146km) – Vallorcine (158km)
La montée suivante, 700D+ pour atteindre les Tseppes est assez raide. J’accuse vraiment le coup, et je fais une ou deux pauses durant celle-ci. Le soleil se couche et j’atteins le sommet à la tombée de la nuit. Je ne regarde désormais plus combien de temps je mets pour monter ou descendre, mais j’essaie néanmoins de ne pas prendre mon temps, afin de ne pas passer une seconde nuit complète dehors. Après avoir ressorti ma frontale, je passe le hameau de Catogne et c’est un petit sentier raide mais peu technique qui se dessine pour débuter la descente. Très vite, il fait place à une pente plus douce, en traversée. La fin de la descente est de nouveau plus raide et assez technique, raison pour la laquelle j’ai changé de chaussures, d’autant plus qu’un manque de lucidité s’installe peu à peu avec la fatigue qui commence à se faire sentir. Je sens que ma vision est plus floue dans cette fin de descente, et les hallucinations pas loin. Malgré une énergie qui n’est toujours pas revenu depuis Champex-Lac et une allure lente, je parviens tout de même à avoir quelques bonnes sensations de temps en temps et suis plutôt content de cette partie.


Après les 100 derniers mètres de dénivelé négatif vraiment raides pour rejoindre Vallorcine, il reste 1km de plat pour aller traverser la voie ferrée via une passerelle. Finalement au ravitaillement, je retrouve ma maman, Boris, Laurent et ses amis. Tout le monde est là pour moi sur cette ultime base-vie. J’y reste une vingtaine de minutes. Je décide de changer de chaussures une dernière fois et je retrouve mes Salomon, plus légère. Même si on se rapproche de la fin, il reste quand même un bout à parcourir, et pas des moindres.

Vallorcine (158km) – Chamonix (176km)

Départ pour cette dernière section, à 22H30. La température est très douce, je ne me suis pas changé étant donné que je ne pars pas pour de la haute montagne. 4km de faux plat montant jusqu’au Col des Montets, la fatigue est présente, quelques hallucinations avec de la fumée blanche et des écureuils, mais rien de bien méchant. J’arrive toujours à trottiner les parties plates, signe de ma bonne forme physique, mais absolument aucune énergie dès qu’il s’agit d’accélérer ou de passer une petite bosse.
Cette dernière montée est divisée en 3 parties: 300D+, 200D- suivi d’un faux plat montant et 300D+. Durant la première partie, je rattrape un coureur qui participe pour la 5ème fois et qui espère arriver en moins de 32H. On discute un peu, je me dis que c’est tout de même un bon temps, et je me motive pour l’accompagner. Je suis devant lui et j’essaie de maintenir un certain rythme, que j’estime être un bon rythme à ce moment-là de la course. Nous commençons ensuite la descente, qui s’avère être bien plus technique que dans mon souvenir lors de ma reconnaissance. Je paye également directement mon effort fourni lors de la montée précédente et je lui dis que je vais devoir ralentir, je ne peux plus maintenir ce rythme. Il part donc devant moi, me laissant seul. C’est alors la première fois que je vais sortir mon téléphone pour regarder la carte et savoir combien de kilomètres il me reste avant l’ultime montée. Signe de mon état, alors proche d’être pitoyable. Enfin, je me lance à l’assaut de La Flégère, dernier point haut de cette aventure. 150D+ dans la forêt puis 150D+ raide, droit dans la pente pour remonter une piste de ski. Juste avant d’arriver au ravitaillement, le terrain est dégagé et je peux voir une dizaine de frontale qui arrivent derrière moi.

Je regarde mon classement (ce que je n’ai quasiment pas fait jusque-là) en remplissant une dernière fois mes flasques, et je suis 293ème. À se moment-là un groupe de coureurs entre dans la tente et je me dis exactement « allez motives toi une dernière fois, t’es tout juste dans le top 300, tu y restes!!! ». Il reste 7km, 850D-. Le début de la descente est plutôt raide, encore sur les pistes de ski. La suite est plus progressive mais mes tendons d’Achille me font mal. Musculairement je vais bien mais ce sont eux qui me ralentissent et m’empêchent de mettre du rythme à ce moment-là. Plus j’avance dans la descente, plus mes tendons me laissent tranquille et je peux accélérer. Je double du monde, et l’adrénaline de l’arrivée commence à prendre le dessus sur la douleur musculaire. Je me sens vraiment bien, aussi frais que sur les premiers kilomètres. Je passe le chalet de la Floria, puis c’est 300D- sur une piste large, où l’on peut courir vraiment vite. Je me fais néanmoins rattraper par 2 ou 3 coureurs juste avant de retrouver la route. Nous sommes donc un petit groupe au moment d’entamer le DERNIER kilomètre dans les rues de Chamonix.
Et c’est le sprint qui commence, littéralement. L’allure se situe aux alentours de 3’45/km pour moi, l’impression de voler!! Après les derniers virages, c’est enfin les derniers mètres qui mènent jusqu’à l’arche d’arrivée!!


La joie est immense, les endorphines sont au maximum dans mon corps et je ne ressens alors aucune douleur, juste l’immense satisfaction d’être arrivé au bout de cette course mythique. Ma maman, Boris et Laurent sont là, je prends le temps de profiter également avec eux.
Malgré ça, j’ai cette pointe de déception, de regret, le sentiment que je n’ai pas pu donner le meilleur de moi-même. Je me suis battu avec les armes que je me suis donné ce jour-là, et non celles avec lesquelles je me suis entraîné. Je termine 287ème en 32H33’38 », il y a 3H de trop. Je suis capable de bien mieux, je le sais… Cette course m’aura appris beaucoup de choses, sur beaucoup d’aspects différents. Il y a les erreurs bien sûr, en j’en referais encore, mais il y a aussi la bonne gestion de mon énergie, des allures, des vêtements, des chaussures, de l’hydratation, du froid et de la chaleur, de la fatigue, du ressenti de tout l’entraînement effectué depuis le début de l’année. Et ça, j’en suis fière. Il y a les courses réussies et les leçons. Celle-ci fait, et fera partie de cette deuxième catégorie.
Une chose est sûr, JE REVIENDRAIS!!!
POINT DE PASSAGE | PRÉVISIONNEL | RÉALITÉ |
Chamonix | 00H00′ | 00H00′ |
La Charme | 01H42′ | 01H29′ |
Saint-Gervais | 02H22′ | 02H19′ |
Les Contamines | 03H41′ | 03H31′ |
La Balme | 05H01′ | 04H53′ |
Croix du bonhomme | 06H11′ | 06H14′ |
Les Chapieux | 06H49′ | 06H49′ |
Col de la Seigne | 08H39′ | 08H56′ |
Lac Combal | 09H53′ | 10H10′ |
Arête du Mont-Favre | 10H48′ | 11H18′ |
Checrouit | 11H19′ | 11H57′ |
Courmayeur (Entrée) | 11H59′ | 12H38′ |
Courmayeur (Sortie) | 12H14′ | 13H07′ |
Refuge Bertone | 13H34′ | 14H21′ |
refuge Bonatti | 14H44′ | 15H29′ |
Arnouvaz | 15H29′ | 16H15′ |
grand Col Ferret | 16H44′ | 17H42′ |
La Fouly | 18H04′ | 18H58′ |
Champex-Lac | 20H04′ | 21H07′ |
La Giète | 22H20′ | 23H53′ |
Trient | 22H54′ | 24H53′ |
Les Tseppes | 23H59′ | 26H27′ |
Vallorcine | 24H53′ | 28H02′ |
La Flégère | 27H18′ | 31H29′ |
Chamonix | 28H18′ | 32H33’38 » |
Remerciements
Un grand merci à l’UTMB pour l’organisation d’un événement de cette ampleur, c’est toujours un immense plaisir de prendre part à cette grande fête du trail!!
Un GRAAAAND merci à ma maman pour le suivi tout le long du parcours, 2 nuits durant, assurant une assistance précieuse, tant matérielle que psychologique et émotionnelle!!
Au copain Boris pour avoir fait spécialement le déplacement!!
À tout ceux qui m’ont envoyé un message de soutien, d’encouragement, de félicitations avant, pendant et/ou après la course, encore une fois c’était fou de se sentir autant suivi, la force que j’en tire est folle!!!
Photo: @sportograf, @iambernieritchie
« Plus qu’un départ au point A, à une arrivée au point B, plus qu’un déplacement physique, l’ultra-trail est un voyage mental, psychologique, émotionnel… qui nous fait vivre une vie entière, en quelques jours »
FIN
un grand bravo
Très fier de toi
Mercii beaucoup!!
Toutes mes félicitations pour une ignorante du trial et de la haute montagne . j’ai lu avec un grand plaisir (malgré le texte avec de toutes petites lettres, pour ma vue de 86 ans sans lunettes !!) oui j’ai apprécié ces forts moments d’effort et un peu de découragement, mais avec la volonté d’arriver au bout de cette monstrueuse course..encore toute mon administration et le courage de votre MAMAN toujours présente pour soutenir son enfant . un bel exemple de complicité et de soutien.
je suis Maguy SIMONI une très bonne amie de Michèle GRIMA de la Sousta et de son fils Jean Marie.
je suis en administration devant un tel effort et vaincre son état physique et moral, UN GRAND BRAVO GUILLAUME….
Maguy Simoni de Marseille.
Merci beaucoup Maguy, cela me touche, au plaisir de vous croiser lors de ma prochaine visite à la sousta!!
encore un grand bravo pour ce que tu as réalisé et un grand merci de nous faire partager ces moments si forts. Fier d’avoir un tel petit fils. Bisous. G.P
Super récit ! Quelle course et quel mental tu as… bravo !